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La conjuration des imbéciles

Auteur : John Kennedy Toole

Difficile de classer ce roman : critique sociale humoristiques ? On ne serait pas loin du Gang de la Clé à Molette, et c’est une classification qui convient assez bien.

Publié en 1980 (avec un prix Pulitzer en 1981) ce livre a pour personnage principal une sorte de Don Quichotte américain que se débat dans un monde auquel il est parfaitement inadapté.

Ignatus – c’est son nom – vit chez sa mère dans quartier populaire (pour ne pas dire misérable). Ses 30 ans ont passé et il est forcé de chercher du travail afin de rembourser un dette contractée par sa mère suite à accident de la route (du moins je crois). Il doit donc délaisser sa chambre dans laquelle pour se confronter au monde. Et celui ci n’est pas des plus joyeux : exploitation des ouvriers, racisme, précarité sociale et judiciaire (et j’en passe). Bref c’est un terrain de jeu parfait pour un inadapté social comme Ignatus qui trimbalera son gros quintal, sa verve permanente, sa misanthropie totale et son absence complète de convention sociale tout au long du roman pour tenter de nager à contre courant d’une société qu’il exècre.

En un sens je me suis toujours senti comme une lointaine parenté avec la race des gens de couleur, parce que sa position est assez comparable à la mienne : l’un et l’autre nous vivons à l’extérieur de la société américaine.

p. 174

Entre sa tentative de faire se révolter des ouvriers d’une usine de textile, de gagner sa vie comme vendeur de hot-dogs et de monter un parti pour la paix composé exclusivement d’homo, il aura fort à faire pendant les 500 pages et quelques de ce roman mythique de la littérature américaine.

  • Ingatus tu crois pas qu’tu s’rais p’têt plus heureux si t’allais prende un peu d’repos à l’hôpital de la Charité ?
  • Voudrais tu parler du service psychiatrique, pas hasard ? demanda Ingatus pris de rage. Me croirais tu fou ? Supposerais tu que le premier psichiatre venu serait capable de ne serait-ce que d’essayer de commencer à entrevoir les mécanismes de ma psyché ?
  • […]
  • Ils essaieraient aussitôt de faire de moi un crétin, amateur de télévision, de voitures neuves et d’aliments surgelés.
p. 417

J’avoue que je ne l’ai pas trouvé complètement mythique car j’ai eu du mal a y voir autre chose qu’un portrait d’un personnage certes inoubliable et d’une amérique populaire mais il m’a manqué un peu d’histoire. Celle-ci apparaît cependant au 2/3 du roman ou l’on commence à comprendre comment les différents histoires et personnages s’imbriquent.

Si la trame romanesque est assez légère (et du coup le livre parfois un peu longuet), le propos est lui plutôt bien mené et parfois franchement marrant. Le travail du traducteur est certainement remarquable pour rendre tout cela en français.

Note : 4 sur 5.
 

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