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Sa Seigneurie

Auteur : Jaume Cabré

Quelques mois avant la fin du siècle, le 18ème, une chanteuse est assassinée. En quelques jours, le coupable est trouvé et rapidement exécuté. A la manœuvre, Don Rafel, Régent de l’Audience de Barcelone. Et il a de bonnes raison de tenter de boucler rapidement cette affaire car elle risque de mettre à jour certaine chose qu’il voudrait garder secrète.

Si la première partie est un peu longue, la seconde et la troisième sont plus enlevée et on va assister à la chute de Sa Seigneurie. Tous ses ennemis, et ils sont nombreux vont se délecter à le savoir affaibli et vont en profiter. Lui, doit dans ses bottes, sur d’être dans son bon droit (je n’ai pas voulu la tuer) sera refusera jusqu’au bout (ou presque) l’évidence.

Plus qu’une enquête policière, Jaume Cabré nous dresse le portrait d’une société qui est sur le point de bascule : le petit peuple refuse désormais de se laisser faire et les « grands » ne l’ont pas encore intégré tout pris qu’ils sont dans leur petits jeux de pouvoirs.

Peut on savoir à quoi tu penses, Rafel ? Il la regarda et ne lui dit pas qu’il pensait à une ancienne maitresse qu’il avait assassinée par une nuit de pleine lune, et il ne lui dit pas non plus que le peintre Tobias mettait la dernière main à un portrait de donya Gaietana Renom, baronne de Xerta, et il ne lui parla pas de ce scélérat de Terradelles et de son obscur notaire qui lui tripotaient le cul avec l’envie de le perdre. Et il ne parla pas d’un certain Perramon, mort bien à la légère parce qu’il disposait d’informations dont lui, don Rafel, croyait que personne d’autre ne les avait. Il ne lui dit rien de tout cela. Il se contenta de regarder son épouse avec des yeux perdus et il avala , sans avoir faim, une cuillerée de macaronis.

p. 350

Vous allez adorer détester Rafel Masso et à la manière d’un drame antique, vous le suivrez dans sa chute avec délectation.

Même si l’on est loin de l’ambition de Confiteor on retrouve ici la patte de Cabre, son sens du récit, son style si particulier et son regard corrosif sur la société. Les puissants d’alors se comportent ils différemment de ceux d’aujourd’hui ?

Note : 3.5 sur 5.

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