Auteur : Olivier Norek
Plus de 10000 migrants s’entassent dans la Jungle de Calais avec l’espoir d’arriver un jour à passer en Angleterre. Cette jungle ne se trouve pas encore en Angleterre mais vraiment pas non plus en France : les lois ne s’y appliquent pas, les migrants n’ont pas de statut. Tels des fantômes ils errent entre deux mondes, celui qu’ils fuient et celui dont ils rêvent.
Parmi eux, Adam un ancien flic syrien francophone qui a dû fuir son pays et qui recherche sa femme et sa fille partis quelques jours avant lui. Kilani, un enfant soudanais fuyant la guerre et qui cache, lui aussi un lourd secret. Des afghans fort peu sympathiques (mais c’est la loi du nombre : ils sont les plus nombreux alors ils commandent), des soudanais, plus accueillant, des bénévoles qui refusent toute cette déshumanisation, des extrémistes qui profitent de la situation…. Et des flics qui refusent de ne rien faire et tentent de manière dérisoire de maintenir un semblant d’ordre dans tout ce foutoir.
Rajouter à tout cela une cellule terroriste qui est dans l’œil de la DGSE et un jeune flic qui vient d’être muté pour permettre à sa femme de se rapprocher de sa mère.
Pour autant ce roman n’est pas vraiment un polar, il décrit plus le quotidien de flics qui refusent de considérer toute cette situation comme normale, il décrit aussi le fonctionnement – de l’intérieur – de cet endroit parfaitement aberrant qu’est la Jungle, ainsi que le destin de quelques-uns de ces migrants. Même les flics de la BAC sont presque sympathiques tant ils sont désabusés et persuadés que sans eux la situation serait encore pire qu’elle n’est.
Le trio qui fait tourner ce roman fonctionne parfaitement, les trois personnages sont attachants avec chacun leurs failles et surtout leur refus d’abdiquer. Le style est direct, réaliste, on sent que Norek s’est attaché à ses personnages et qu’il s’est certainement appuyé sur des personnes et des faits réels.