Auteur : Emmanuel de Waresquiel
J’ai découvert Talleyrand au cours d’un souper. En visionnant « Le souper » pour être exact. Un film d’Edouard Molinaro avec Claude Riche dans le rôle de Talleyrand et Claude Brasseur dans celui de Fouché.
J’avais découvert là deux personnages qui avaient joué, chacun de leur côté, des rôles de premiers plans dans la France de 1789 jusqu’en 1837 (pour Talleyrand). Les deux ayant eu des parcours pour le moins sinueux et il en fallait pour survivre à la Révolution, à l’Empire et aux Monarchies Constitutionnelles.
C’est en visitant le château de Valençay plus de 30 ans plus tard que j’ai redécouvert Talleyrand et que j’ai acheté sa biographie.
Celle-ci écrite par un historien nous retrace de manière assez précise la vie de Talleyrand, de sa jeunesse à sa mort. Et le moins que l’on puisse dire est que son parcours est édifiant : il a servi 9 Régimes et prêté 13 serments !
Issu de la noblesse, il fait des études cléricales, devient Evêque. Cela ne l’empêche pas de se marier, de divorcer, d’avoir de nombreuses maîtresses, de voter la nationalisation de biens de l’Eglise.
S’en suit un exil forcé aux Etats-Unis puis une carrière diplomatique exceptionnelle sous tous les régimes qu’il aura à servir.
Esprit complexe, à la fois libéral économiquement et politiquement monarchiste, commerçant (y compris souvent pour son propre intérêt), il gardera sa ligne de conduite de construction d’un équilibre européen fort assis principalement sur 2 blocs : d’un côté la France et l’Angleterre, et de l’autre la Russie et les autres monarchies européennes. Cet équilibre est selon lui le seul à pouvoir garantir une paix table en Europe.
Son activité diplomatique va l’amener à modeler le continent européen à peu près de ce qu’il est aujourd’hui, notamment par son rôle lors du congrès de Vienne.
C’est en suivant Talleyrand que l’on côtoie donc les dirigeants de l’époque et que l’on comprend mieux ce qui les a amenés à leur prise de pouvoir mais aussi à leur chute. J’ai aussi découvert beaucoup de chose sur cette période de l’histoire de France, notamment que le pays avait été occupé (au moins partiellement) après la chute de Napoléon, que plusieurs pays avaient souhaité infliger des réparations exemplaires à la France (prélude de l’armistice de 1918) contre lesquelles Talleyrand s’est ardemment battu.
Si la lecture n’est pas toujours simple car truffée de personnage décrits par leurs titres et parfois reliés par leur parenté ou mariage, cela reste malgré tout très abordable et passionnant. En dépit de la distance affichée par le personnage, de sa complexité et de la distance historique, des sources (principalement des lettres) on arrive cerner l’humain derrière mythe.
Victor Hugo a écrit de lui « C’était un personnage étrange, redouté et considérable ; il s’appelait Charles-Maurice de Périgord ; il était noble comme Machiavel, prêtre comme Gondi, défroqué comme Fouché, spirituel comme Voltaire et boiteux comme le diable ».
L’auteur se permet assez régulièrement des piques sur les autres biographes de Talleyrand et surtout, il ne cache pas son aversion pour Chateaubriand. C’est drôle dans ce type d’ouvrage.
Le même auteur a aussi rédigé une biographie de Foucher. Je suis donc obligé de la lire pour clore le cycle !