Auteur : Erik Orsenna
Nous avons tous appris au moins une fable de Jean de la Fontaine, et pourtant, l’écrivain est toujours resté au second plan. Sans doute parce que jusqu’à une période récente, ces fable était réservées aux petits de primaire. Ca ne faisait sans doute pas assez sérieux pour les programmes du second cycle d’avoir des renards, fourmis et autres bestioles en classe.
Quant à étudier des oeuvres un peu plus licencieuses n’en parlons même pas.
C’est donc un académicien, Erik Orsenna, qui rend hommage à un de ses anciens confrères. Et le choix est judicieux, car la malice bien connue de l’auteur nous permet de sans doute mieux restituer le personnage de La Fontaine, à la fois dans son oeuvre, mais surtout dans sa vie assez haute en couleur.
Et en effet sa vie ne manque pas de piquant, et si elle se termine plutôt tristement (dans la pauvreté et le cul bénisme), tout le reste est assez réjouissant : provincial (de Chateau-Thierry), il débarque bientôt à Paris, y découvre le Quartier latin et toutes ses promesses. Mauvais époux, père absent, mais fidèle en amitié comme peu à l’époque, il restera tout sa vie proche de Jean Racine, Boileau, Molière. Son protecteur , le surintendant Fouquet (ministre des finances) s’est un peu trop enrichi et surtout l’a trop montré à Louis XIV, il termine en prison.
Cette amitié va priver La Fontaine de toute protection et lui mener la vie dure tout le reste de sa vie. La bigoterie de l’époque ne lui pardonnera jamais ses oeuvres « pour adultes » même si elles sont très lues.
Il sera dès lors entretenu par des amies, ou ses amis, qui lui offriront gite et couvert.
Vieillissant, il est pris de remords et embrigadé par une espèce d’abbé sectaire qui le poussera à renier ses écrits par peur d’une Jugement Dernier qui aurait pu lui être défavorable. Comment cela aurait il été possible pour un homme qui voyait au travers des hommes comme personne ?
Chaque chapitre est la traduction d’une émission qui est passée sur France Inter en 2017.